VISITE EN PRISON
Depuis 20 ans, je rencontre des enfants dans des écoles. Parfois, les élèves de maternelle ont tout juste trois ans. Je croise aussi beaucoup d’enfants en élémentaire et en collège. Quelques fois en lycée pour les plus « vieux ». J’ai rarement des ateliers avec des adultes, mais cela arrive.
Récemment, on m’a demandé de rencontrer des détenues lors du salon du livre et des droits de l’homme à Saintes en Charente Maritime.
J’ai répondu positivement à cette invitation tout en me demandant comment aller se dérouler cette rencontre…
J’ai trouvé tout cela très intimidant. Quand je travaille avec des enfants, nous avons un point commun : j’ai déjà été à l’école. Mais heureusement, je n’ai jamais été en prison.
Nous connaissons la prison par les livres, la télé et le cinéma, mais le découvrir réellement, c’est autre chose !
Les organisateurs font partie de l’association ASCMA (association socio culturelle de la Maison d'arrêt). Daniel le trésorier, Agathe et Jocelyne ont donc conduit « le petit Alexis » à la maison d’arrêt. Comme on peut s’en douter, les portes massives sont la première barrière. C’est ensuite le portillon détecteur de métaux. Comme à l’aéroport, sauf que là, c’est pas « Air Liberté » !
Les téléphones portables, appareils photos, couteaux, pistolets et bazookas doivent rester dans un casier. Vient ensuite une série de sas verrouillés ou déverrouillés à distance par le garde qui se trouve dans l’aquarium situé dans l’entrée. Je commence à me sentir un peu oppressé alors que je ne viens que pour une simple visite.
Le directeur de la prison est sympathique et me met à l’aise. Il me signale que je peux repartir avec les dessins qui seront créés. C’est sous condition que les illustrations ne comportent ni insultes ni « code secret » ! Comme je ne suis pas spécialiste du code secret d’évasion, tout devrait bien se passer.
La rencontre se déroule dans la bibliothèque de la prison. C’est une toute petite salle avec une table au milieu. Sur un rayonnage, se trouve un de mes livres. Ça sera l’occasion de présenter mon travail avant de dessiner. La gardienne a ensuite accompagné les huit femmes détenues. Huit, c’est le nombre maximum de femmes. Pour les hommes, c’est quatre -vingt dix.
Les détenues qui se sont assises autour de la table sont âgées de 22 à 50 ans. Elles sont pour certaines d’origine étrangère : Allemagne, Pologne, Cameroun, Niger.
Je me présente et leur dit que c’est une « première » pour moi que d’aller en prison.
Les femmes me répondent : « On espère que pour nous, c’est une dernière ! »
Elles rient ! Le contact est établi !
Les filles me parlent du quotidien et je dessine sur leurs idées. Au bout de deux heures, la discussion s’achève sur un goûter.
Je reçois de sincères remerciements de la part des détenues ! Je leur retourne les miens car elle m’ont très bien reçu et mis à l’aise.
Les filles repartent en cellule et moi vers la sortie… Certaines sortiront dans une semaine, d’autres dans plusieurs mois…
Mes dessins ont pu sortir en même temps que moi pour être exposés sur le Salon du livre.
C’était une expérience forte !
Voici les dessins qui sont nés de cette rencontre.